Dans notre contexte de crise généralisée où la crise économique et financière, écologique, sociale bat son plein, on constate une véritable explosion des monnaies locales.On en compte plus de 5 000 en circulation dans le monde parmi lesquelles on peut citer le palma au brésil, l’ithaca hours aux état unis, l’ora en Afrique du sud, etc.En Allemagne le chiemgauer lancé en 2003 en Bavière représente plus de 5 % du chiffre d’affaire des 800 commerces et entreprises qui adhèrent au dispositif. En suisse, une monnaie encore plus ancienne qui fonctionne très bien c’est le wir qui a été lancé en 1934, qui est aujourd’hui utilisé par 60 000 PME et représente un chiffre d’affaire de près de 2 milliards de francs suisses.
En France on compte pas moins d’une trentaine de monnaies qui on vu le jour et autant de projets en cours parmi lesquelles on peut citer, l’abeille à Villeneuve sur lot qui a été la pionnière sur le territoire national, la pêche à Montreuil, l’eusko au pays basque, le sol violette à Toulouse, la mesure à Romans-sur-Isère, la roue dans le Vaucluse et à Marseille ou encore la touselle à Saint-Gaudens. Mais une monnaie locale c’est quoi au juste?Face à la désertification des petits commerces, à la délocalisation, au chômage, ou encore à la perte de liens sociaux, la monnaie peut-être un moyen de se réapproprier l’économie et de la rendre plus humaine. En effet, la monnaie locale permet de construire et de préserver l’intégrité d’un territoire et de s’ouvrir aux autres en échangeant ses richesses sans se mettre en danger. Le but n’est pas de concurrencer la monnaie nationale mais de créer une monnaie complémentaire qui puisse pallier les déficiences du système monétaire actuel devenu incontrôlable en ces temps de crises économiques. Une monnaie locale est créée pour une zone géographique limitée. Elle sert d’unité de compte et de moyen de paiement au sein d’un espace de circulation déterminé. La monnaie locale n’a pas de « cours » et elle ne peut donc pas donner lieu à la spéculation. Dans la plupart des cas, elle est fondante. Cela signifie qu’elle se déprécie si elle n’est pas utilisée: rien ne sert donc de la conserver dans ses bas de laines. Et ça sert à quoi?L’objectif d’une monnaie locale est de circuler pour favoriser les échanges locaux: « la richesse se créée quand la monnaie circule ». À rebours de la mondialisation, l’idée est que les revenus engendrés localement soient dépensés localement. Il s’agit aussi de replacer la monnaie au cœur de l’économie réelle en la dégageant de la sphère financière accusée d’alimenter une finance éloignée des intérêts citoyens. « Il faut savoir que 97% des flux monétaires mondiaux sont utilisés pour la spéculation », explique Phillipe Derruder. L’intérêt d’une monnaie locale est aussi de protéger les citoyens contre les aléas de l’économie en leur permettant de répondre à leurs besoins primaires quelque soit le contexte national. « Mais ne voir que l’aspect économique est réducteur, une monnaie complémentaire porte l’espoir d’un changement social », précise ce spécialiste de la question. En fonctionnant à petite échelle, elle dynamise l’économie locale et permet d’avoir une consommation raisonnée. Chacun sait où va l’argent déboursé pour un produit ou un service. D’ailleurs, certaines monnaies locales favorisent les produits éthiques et intègrent une démarche solidaire. Enfin, l’ambition est de créer du lien social en développant un système d’échange commun. Et en Ariège: les pyrènes en circulationDepuis le 4 juillet 2014, la Monnaie Locale Complémentaire (MLC) La pyrène est en circulation sur l’ensemble du territoire ariégeois. Cette MLC a été créé à l’initiative de l’association monnaie09 qui a pour missions la mise en place, la promotion, l’administration et la gestion de la monnaie locale complémentaire. Comment ça marche concrètement?1/ J’adhère à l’association Monnaie09 2/ J’obtiens les sommes que je choisis en Pyrènes, contre des Euros (1 Py = 1 €) aux comptoirs d’échange agrées par Monnaie09. Les coupures disponibles sont de 1, 2, 5, 10 et 20 Py. Les Euros que je dépose en garantie constituent un fonds de réserve. Il est conservé sur un compte à la Nef, première banque éthique en France, qui finance des projets de manière transparente en fonction de leur utilité écologique, sociale et / ou culturelle. 3/ Je peux régler mes achats en Pyrènes chez les commerçants, prestataires, producteurs adhérents au réseau. Ils apposeront un macaron : « ici on accepte les Pyrènes ». La liste des adhérents est régulièrement mise à jour, accessible sur le site de Monnaie09. Une version papier sera également proposée. 4/ Je peux régler une partie de la somme en Pyrènes et une partie en Euros. C’est le cas avec les prix comportant des centimes. Pour un ticket de cinéma à 4,50 par exemple je peux donner 4 Py et 50 centimes d’Euro. 5/ En tant qu’adhérent je suis informé des dates de fonte (tous les six mois). Les billets qui n’auront pas été utilisés doivent alors être rapportés aux comptoirs de change et sont remboursés en Euros en perdant 2% de leur valeur. Conserver des Pyrènes génère donc un intérêt négatif . L’idée répandue que l’argent conservé « fait des petits » en travaillant dans le temps est ici remise en cause. Le Pyrène est pensé pour circuler, pas pour être stocké et thésaurisé. 6/ En tant qu’adhérent je suis invité à participer aux assemblées générales de Monnaie09, où sont examinées et débattues les modalités de fonctionnement, d’émission, de circulation de la Pyrène, monnaie locale complémentaire d’Ariège. Je peux ainsi prendre une part active aux prises de décision, au fonctionnement et au développement du projet. 7/ En utilisant les Pyrènes j’affirme mon soutien à l’économie locale et à son développement en priorité vers des activités choisies pour leurs critères environnementaux, sociaux et / ou culturels. Pour aller plus loinLe site de l’association monnaie09 : La bibliographie du site national des monnaies locales complémentaire : La monnaie expliquée en video : |
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