Le mot transition désigne en général le passage d’un état d’équilibre à un autre. La transition écologique, c’est le passage d’une société d’abondance, matérialiste et individualiste, à une société plus sobre, plus soucieuse de la nature et des relations humaines. Cette transition demande de grands changements dans notre façon de vivre, et sans doute aussi des sacrifices ; mais elle doit rendre notre existence collective plus durable, plus équitable, et plus sûre.
La manière dont nous vivons aujourd’hui dans les pays développés est problématique . D’un côté, les entreprises sont incitées à produire en grande quantité des biens éphémères ; de l’autre, les citoyens consomment autant que possible pour satisfaire des désirs artificiels. Les gouvernements sacrifient tout à la croissance économique tandis que le peuple, lui, ne demande que du pouvoir d’achat et de la redistribution. Or cette abondance insouciante n’est pas soutenable à long terme. Alors que toutes les parties du monde se développent, que la population mondiale augmente, ses limites se font de plus en plus sentir.
D’abord, notre économie repose sur une exploitation intensive des ressources naturelles, qui viendront un jour à manquer. Nos sources d’énergie sont à 80% d’origine fossile (gaz, pétrole, charbon). L’inquiétude qu’a pu causer la hausse récente du prix de l’essence laisse imaginer ce qui arrivera lorsque les réserves commenceront à tarir. Pour lors déjà, l’extraction de ces ressources devient de plus en plus difficile et coûteuse. Il en est de même des matières premières, comme le sable et les métaux, qui sont présents en quantité limitée sur la terre, et dont nous profitons sans nous restreindre. Quant aux forêts, précieuses en elles-mêmes pour la biodiversité et la pureté de l’air, elles diminuent de jour en jour. La moitié des forêts de la planète a été détruite au XXe siècle.
Or, tandis que d’un côté nous épuisons les richesses de la Terre, de l’autre nous rejetons des déchets qui la dégradent. Malgré son perfectionnement le recyclage ne peut pas s’appliquer à tous les déchets, dont des quantités énormes finissent incinérées, enfouies, ou même dispersées dans la nature. Tout le monde a été choqué par les effrayantes images du 7e continent de plastique. De quelque façon qu’on s’en débarrasse, les déchets finissent toujours par polluer d’une manière ou d’une autre. Au reste, la production d’électricité, l’industrie, les transports émettent des gaz à absorption infrarouge, comme le gaz carbonique et le méthane, qui contribuent au réchauffement climatique.
Enfin, l’économie mondialisée a ses défauts. Tout en permettant, selon la théorie des avantages comparatifs, de maximiser la production, elle rend aussi les pays entièrement dépendants les uns des autres. Le moindre accident dans une ville ou sur une route commerciale peut affecter des millions de personnes. Elle met aussi toujours plus de distance entre le travailleur et le patron. Comme la concurrence devient mondiale, les ouvriers menacés à tout moment de se faire remplacer par d’autres, doivent accepter des conditions de travail difficiles et stressantes. Les richesses qu’ils produisent, loin d’alimenter leur territoire, sont accaparées par quelques magnats cosmopolites qui n’ont aucun souci de leur sort. Ainsi, les grandes richesses issues de l’exploitation des ressources naturelles ne profitent pas à tout le monde. Et même dans les pays à forte redistribution, le stress engendré par un travail pénible ne peut pas être racheté par des biens matériels.
Pour répondre à ces problèmes, la transition écologique tend vers une économie circulaire, où les déchets de la consommation servent de matières premières à la production, sans qu’il y ait exploitation ni pollution de l’environnement. Ses principes de production sont ceux de la permaculture. La permaculture était à l’origine une manière de pratiquer une agriculture durable, mais ses principes se sont facilement étendus à tous les secteurs de productions. Elle recommande entre autres choses :
• de s’inspirer des écosystèmes naturels et des pratiques antérieures à l’industrialisation pour cultiver en harmonie avec la nature. En particulier, d’éviter les traitements artificiels.
• de ne pas produire une seule culture intensivement mais de diversifier dans chaque localité, afin d’être moins sensible aux aléas naturels.
• d’harmoniser les moyens du jardin, plantes, animaux, bassins, infrastructures, pour qu’il travaillent en autonomie, et demandent peu d’intervention humaine.
• d’utiliser les ressources naturelles de manière non destructrice. Et en particulier, de ne produire que de l’énergie renouvelable.
• d’impliquer davantage les employés dans la production. Prendre en compte leur avis, leur laisser plus de liberté et de responsabilité, partager équitablement les bénéfices.
Le but de la permaculture est de rendre la production durable et résiliente, c’est-à-dire capable d’endurer des perturbations. Cependant, comme ces pratiques sont moins efficaces que ce qui se fait actuellement, la production va nécessairement diminuer. La transition écologique demande donc aussi de changer nos habitudes de consommation. Il ne faudra pas seulement cesser le gaspillage, on devra aussi se passer du superflu. Voici quelques exemples d’application :
• Acheter principalement des produits locaux, afin de diminuer les transports.
• Limiter notre consommation d’énergie. Par exemple il faudra renoncer au véhicule individuel.
• Prolonger la durée de vie de nos objets. Ce n’est pas seulement augmenter leur durée d’usage, c’est aussi leur trouver d’autres utilités lorsqu’ils ne peuvent plus remplir leur première fonction.
• Réfléchir non plus aux moyens de produire davantage, mais à ceux de produire moins. Pour cela, il faudrait s’habituer à vendre une fonction plutôt qu’un objet. Par exemple, si une ville doit acheter des lampadaires pour son éclairage, au lieu d’en acheter une grande quantité et de les disperser sans réflexion, il vaut mieux qu’elle emploie un ingénieur qui saura où les placer pour rendre l’éclairage le plus économe possible.
La transition écologique est un choix aujourd’hui, mais elle sera imposée demain.
L’humanité s’adaptera, cela est certain, mais plus le changement sera brutal, plus il se fera avec violence. Il est donc sage de s’y préparer dès maintenant. En l’absence de contraintes législatives, chacun est libre d’y contribuer comme il lui plaît. Pour moi, je ne vois pas d’utilité à s’agiter contre le réchauffement climatique, la surpopulation, la déforestation, parce que ce sont des problèmes mondiaux sur lesquels, à petite échelle, nous n’avons aucune influence. Notre pays lui-même représente peu de chose sur la Terre, et il y a trop de divergence d’opinions et d’intérêts entre les gouvernements du monde, pour que tous acceptent de se soumettre à des restrictions communes.
Je trouve plus d’intérêt à des projets plus modestes : cultiver nos légumes, produire notre énergie, planter des arbres fruitiers, ouvrir des ressourceries, développer l’artisanat, recycler nos déchets, assainir nos villes, embellir nos paysages, prendre soin de notre santé. Ces efforts ne sauveront peut-être pas la planète, mais il amélioreront sensiblement nos conditions de vie. Et puis si l’expérience réussit, elle montrera l’exemple d’une société durable et heureuse, ce qui sera le meilleur moyen de persuasion.
Ecrit par un volontaire en service civique
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