Dès l’approche de la notion de développement personnel par le prisme de la psychologie (cf art. Les fondements psychologiques du développement personnel), deux orientations se sont dessinées. D’une part, le développement personnel est appréhendé comme un processus d’actualisation de soi et de développement de son potentiel. D’autre part, il est envisagé comme le chemin de la transcendance de soi, la réalisation de soi ; autrement dit, une forme d’accomplissement par une redécouverte du sacré. Ces deux lignes ne sont néanmoins pas opposées mais complémentaires dans la mesure où le développement de l’être nécessite de cheminer dans l’une et l’autre de ces directions, horizontale et verticale, dans un juste équilibre. Il s’agit en effet de trouver cet équilibre entre une démarche de développement personnel exclusivement spirituel et une démarche de développement des compétences de l’individu, autrement dit une démarche au service du temporel.
Le développement personnel au service du temporel
Le développement personnel au service du temporel est intimement lié à la matérialité de la vie, au domaine de l’avoir. En effet, cette forme de développement personnel a pour but principal le renforcement de l’ego qui pourra alors satisfaire sa soif de désir. Dans cette direction, l’essentiel des pratiques sert à développer son potentiel de compétences ; s’affirmer en public, influencer les opinions de ses interlocuteurs, autrement dit arriver à ses fins principalement par le biais des relations interpersonnelles et par conséquent, de la communication. Cette démarche incite à être essentiellement dans le faire et révèle une certaine propension à l’action sur le fil de l’horizontalité de la vie. C’est un processus de « réalisation » de soi qui s’inscrit à l’intérieur de la sphère de l’ego .
Un processus de « réalisation » de soi à l’intérieur de l’ego
En tant que processus de « réalisation » de soi à l’intérieur de l’ego, le développement personnel, par ses pratiques et ses méthodes, a pour objectif de « renforcer la position du moi en augmentant ses pouvoirs, en développant ses aptitudes et ses compétences » 1. Autrement dit, cette forme de croissance est tournée vers la réussite, qu’elle soit pour soi ou pour l’entité pour laquelle l’individu travaille. LACROIX énumère différents domaines concernés par cette forme de développement personnel 2:
– Augmenter le pouvoir de la pensée sur elle-même : Il s’agit d’apprendre à contrôler, à gérer ses émotions, son stress, dynamiser sa mémoire, développer sa créativité,
– Dynamiser la personnalité globale en augmentant la confiance et l’assertivité et en développant les aspects de l’individualité qui restent inexploités dans la vie ordinaire,
– Accroître le pouvoir de la pensée sur le corps,
– Développer le pouvoir de la pensée sur l’environnement extérieur. Cela postule que la pensée est créatrice et qu’ainsi elle facilite la réalisation de projets et de réussites,
– Actualiser le potentiel « relationnel ». Les relations sont au cœur du développement personnel. Relation avec soi, avec l’autre avec le monde. Ainsi communiquer est un apprentissage, dont la programmation neuro-linguistique (PNL), la communication non violente (CNV), sont des outils permettant de mieux comprendre les mécanismes de l’autre et ainsi de mieux l’influencer.
Le premier constat est que l’ensemble de ces domaines d’intervention touche de façon frappante la notion de pouvoir. Nombre de formateurs, praticiens, thérapeutes, revendiquent ce pouvoir « tout illimité » se servant de l’assertion de HUXLEY sur les 10% utilisés de nos capacités. Le second constat est l’intérêt grandissant des entreprises et plus largement des sciences de gestion pour ce type de développement personnel , dans un monde ou les enjeux de pouvoir et les luttes qu’ils entraînent sont des composantes essentielles du modèle néo-libéral dans sa course effrénée à la croissance économique.
Cette forme de croissance, telle qu’elle est utilisée aujourd’hui, n’a d’autre but que d’asservir la reconnaissance de l’être aux exigences du capitalisme actuel et avant de servir l’homme pour lui-même, elle est un mécanisme d’adaptation de l’individu aux exigences de sa profession pour mieux surmonter les contraintes économiques auxquelles son activité l’expose. L’apparition des pratiques de développement personnel dans les entreprises en particulier a ainsi pris une nouvelle forme. L’Homme ne se développe plus pour lui-même, il n’est plus dans une quête de bien-être et d’authenticité mais ses aspirations sont mues par des objectifs d’efficacité et de performance. Avant d’être homme, l’individu est travailleur et doit être productif. Si le développement personnel peut servir à réduire les risques psychosociaux, il doit pouvoir aussi augmenter les compétences et par conséquent la productivité. Le développement personnel n’est ici pas présenté comme un processus de réalisation de soi mais comme un processus de réalisation de l’entreprise. Il s’agit d’un développement du potentiel personnel dans la sphère professionnelle. Développer sa créativité, mieux communiquer, être persuasif, savoir convaincre, gérer son stress, être efficace, gérer son temps, etc. Le but de ce type de développement personnel est d’obtenir des résultats : argent, succès, pouvoir, grâce à des moyens précis. L’individu apprend à faire face à la complexité de son environnement de travail par un apprentissage de l’autonomie et par la gestion de la relation, aussi bien à lui-même qu’à autrui 3. À la volonté d’Être se substitue la volonté d’Avoir. Ainsi le développement de soi n’est qu’un moyen de réussite et n’apparaît que dans sa forme la plus horizontale.
Une approche horizontale du développement personnel
La vie quotidienne en société constitue la dimension horizontale de l’être humain, de sa naissance à sa mort, dans son passage de « l’Être à l’avoir été ». « La dimension horizontale est celle d’un simple changement apparent, comme celui des modes vestimentaires, où souvent l’on s’agite en vain et tourne en rond, en donnant l’illusion d’un changement alors que tout continue en fait à fonctionner comme avant » 4. Cette dimension horizontale de l’existence est celle de l’avoir et du paraître. Les apprentissages au sein de la dimension horizontale sont les plus évidents et les plus immédiats : ils sont indispensables à la survie. Il faut savoir en effet se tenir debout, communiquer, travailler, se déplacer pour fonctionner normalement dans la société. Autrement dit cette forme de développement personnel correspond à la gratification des besoins de bases dans la pyramide des besoins de MASLOW. Cette dimension horizontale est donc nécessaire dans la mesure où elle permet d’être ancré dans la matière et ainsi de satisfaire les exigences de la vie en société. Néanmoins, vivre exclusivement dans l’horizontalité n’est pas sans dangers ; C’est rester dans l’inconscience de l’avoir. En effet si l’avoir s’avère indispensable à notre temps, l’assujettissement de l’Être à celui-ci l’entraîne dans l’illusion que la reconnaissance de l’être passe exclusivement par l’accumulation de biens définis comme seules richesses. Or cette dimension horizontale est soumise à l’usure du temps qui régit l’existence de notre corps physique voué à la décrépitude puis à la mort. Par conséquent, cette approche horizontale du développement personnel amène tout naturellement l’Homme à vouer un culte sans limite à l’agir, et par conséquent à développe une propension certaine à l’action.
Une propension à l’action
Les pratiques de développement personnel au service du temporel préparent à l’action. Elles apprennent à vivre au rythme du mouvement imposé par l’environnement social. Les pratiques de gestion du temps, du stress, de la communication, du développement de la créativité, relèvent toutes du domaine de l’agir, pourvu que l’action, qu’elle soit pro-active ou ré-active, soit rapide et efficace. Elle est le principal vecteur du développement du potentiel de l’individu. Néanmoins, LACROIX considère que même si l’action est indispensable à l’autoréalisation, il y a deux dangers : « la tentation de l’hyperactivité et la tentation de grandeur » 5. En effet la spirale de l’action peut entraîner l’individu à s’éparpiller dans le faire, tout faire un peu sans vraiment rien faire du tout, abandonner la réflexion aux portes de l’oubli. La vie est alors perçue comme une ligne de temps dont le vide doit impérativement être comblé par l’agir. Cette spirale, alimentée par les formules du « tout illimité » , du « rien n’est impossible » , peut alors engendrer cette tentation de grandeur, dans un engrenage de compétition, et conduire l’individu à agir par tous les moyens, même au détriment de l’autre, pourvu qu’il arrive à ses fins. Par conséquent, l’action dans ses extrêmes, comporte de nombreux dangers, tout autant que l’attitude contemplative à son extrême.
Le développement personnel au service du temporel s’inscrit donc dans une approche horizontale de l’être et de la vie. Cette forme est animée par une injonction à développer son potentiel pour accroître ses compétences et tout faire pour arriver à ses fins. Cependant la réalisation de soi ne peut faire abstraction de la dimension spirituelle de l’Être humain et dans ce sens, le développement personnel est également au service du spirituel.
Le développement personnel au service du spirituel
La vocation spirituelle du développement personnel tient une place de choix dans la réalisation de soi. Elle est synonyme d’éveil de la conscience. Cette forme de développement personnel tend à une assimilation puis une intégration de l’interdépendance entre l’un et le multiple, de la résonance entre soi et le monde. Le goût du sacré y est redécouvert et réapproprié hors de tout dogme. C’est un apprentissage d’une nouvelle perception du réel qui prendrait sa source dans les profondeurs de l’être. Les pratiques de développement personnel qui en découlent proposent à l’être humain de se (re)centrer sur lui pour mieux se distancer de lui-même. C’est une invitation à la contemplation sur la voie de la verticalité, un processus de réalisation de soi au-delà de l’ego.
Un processus de réalisation de soi au-delà de l’ego
En tant que processus de réalisation de soi au-delà de l’ego, le développement personnel « vise non pas à renforcer le moi mais à le dissoudre. Le potentiel actualisé n’est plus simplement l’affirmation de soi mais la communion, la fusion avec le monde. (…). Comme dans l’expérience mystique, la totalité du monde apparaît comme une unité tandis que les repères ordinaires de l’espace et du temps s’évanouissent » 6. Cette forme de développement de la conscience s’inscrit alors dans une verticalité sans fin dont le but est de trouver la résonance et l’unité entre l’Homme et le monde comme deux entités d’un même ensemble, inséparables l’une de l’autre, où chacune est un Tout faisant partie du Tout. L’objet de ce type de développement faisant appel aux techniques de transe, d’États Modifiés de Conscience (EMC), de méditation, effaçant dans un certain sens les frontières entre le profane et le sacré, serait de vivre une expérience numineuse, apogée de la réalisation de soi. Le sens de ce chemin, « est la transformation de l’homme et pas de le remplir avec des contenus sacrés » 7. L’être ne se développerait donc plus que pour lui-même dans le but de se fondre chaque fois plus avec le monde. Le développement personnel est ici envisagé comme un chemin initiatique, dont le but serait « l’éveil de cet œil qui voit à travers la surface la profondeur » 8. Cette forme de développement a pour direction la réalisation de soi, non comme développement des compétences mais comme conscience de l’Unité de l’être et du monde. Et c’est cet accomplissement qui entraîne un mouvement de circonvolutions vertueuses développant ainsi le potentiel de l’individu, ses capacités n’étant plus dictées par la réussite mais par la recherche de communion avec l’environnement. La réussite ne devient plus un objectif mais une des multiples conséquences du chemin de la réalisation de soi.
Selon MASLOW, la réalisation de soi se définit comme « une période et un effort durant lesquels les forces de la personne trouvent leur unité d’une manière particulièrement efficace, intense, agréable ; l’individu est alors plus intégré, moins divisé, plus ouvert sur l’expérience, plus attentif à sa propre personnalité, plus expansif, plus spontané, plus créateur, plus enclin à l’humour, moins centré sur lui-même, plus indépendant de ses besoins de base, etc. Durant cette période, l’individu devient davantage lui-même, il réalise ses potentialités, se rapproche de l’essentiel de ce qu’il est, de la plénitude de son humanité » 9. La réalisation de notre identité (accomplissement de soi, individuation, autonomie) semble être simultanément une fin en soi et un rite de passage, une étape sur le chemin de son dépassement. Il faut très longtemps pour que l’Homme arrive à faire tout ce qu’il fait en accord avec son être essentiel. Il ne s’agit pas d’additionner des exercices dits spirituels plusieurs fois dans la journée, ni de réciter des prières ou d’avoir des pensées particulièrement élevées sur le plan religieux. C’est la vigilance pour chaque action, la façon d’être là dans chaque action qui est importante. C’est dans la qualité particulière qui émane de notre façon d’être là que se révèle la maturité spirituelle de la personne. Pour autant, cet Homme qui rayonne parce que transparent à l’être connaît et vit toutes les émotions. Or être authentique n’empêche pas d’adopter dans l’existence des attitudes qui ne reflètent pas ce que l’on ressent réellement. Dissimuler la peur qu’on éprouve n’empêche pas d’être authentique, c’est à dire de ressentir cette peur et de se l’avouer. Il ne s’agit donc pas de toujours montrer ce que nous ressentons mais d’être conscient de ce que nous ressentons au fond de nous-mêmes. Il apparaît dès à présent que la pleine réalisation de soi intègre nécessairement la dimension spirituelle de l’être humain, reflet d’une approche verticale du développement personnel.
Une approche verticale du développement personnel
La verticalité serait essentiellement cette dimension de conscience de l’être humain capable de connaissance de soi. C’est-à-dire, comme dans l’exercice de la mort de la philosophie antique, d’observer la manière dont il vit, pense et agit dans l’horizontalité de l’existence. Autrement dit, lorsque l’être humain entre dans un processus de distanciation par rapport à lui-même. « L’évolution vers la verticalité de l’être est un processus de désidentification aux émotions vécues dans l’horizontalité » 10. La dimension verticale de la vie est celle de l’évolution. Elle nous apprend à accepter, à prendre conscience et à ressentir l’Unité. Cheminer sur les voies de la verticalité c’est être en accord avec soi-même, sans que cela signifie être dans un état de perfection. L’Homme qui est dans le processus de réalisation de « son être essentiel », par opposition à « l’être existentiel » ou conditionné, L’Homme qui rayonne parce que transparent à son être, connaît et vit toutes les émotions (DURKHEIM). La réalisation de soi n’est donc pas une absence de problèmes, il s’agit d’un processus d’acceptation de soi. Comprendre, accepter et assumer courageusement les insuffisances de la nature humaine, de sa propre nature et même être capable de s’en amuser au lieu de chercher à les nier. Autrement dit, c’est avoir conscience de ce que nous sommes, de qui nous sommes. Il s’agit de nous accepter tel quel et de nous pardonner dans la mesure où ce que nous sommes ne serait pas en résonance avec notre être profond et avec le monde. Par ces étapes nous pouvons ainsi nous dépasser, dépasser notre condition et faire le choix, à travers nos actes, d’Être et de devenir.
La transcendance ne se manifeste pas quand nous dépassons le niveau humain mais précisément là où nous reconnaissons ce niveau humain, lorsque nous reconnaissons notre faiblesse. « Vivre sous le signe de la transcendance immanente, dans l’exercice comme dans le quotidien, c’est donc avoir la force d’être authentique, la force de s’avouer ses propres faiblesses. Et, sur la base de cette reconnaissance, se dépasser. Vivre sous le signe de la transcendance immanente, c’est aussi apprendre à cultiver la façon d’être là qui en est le témoignage » 11. Cependant, vivre de manière exclusivement verticale c’est se couper progressivement de toutes les actions qui relient à la vie matérielle et à la société. C’est se laisser entraîner vers un désintéressement des affaires du monde au profit d’un état exclusivement contemplatif.
Une propension à la contemplation
L’attitude contemplative serait une des conséquences de la réalisation de soi. L’être réalisé se délecterait du sentiment d’extase que lui procure la contemplation, laissant les affaires du monde à ceux qui ne sont pas encore réalisés. Pour GUÉNON, contemplation et connaissance sont synonymes. La connaissance étant envisagée dans le sens d’Aristote, comme « moteur immobile ». Tout le pan du développement personnel au service du spirituel serait donc orienté vers et par la voie de la contemplation. En effet, un grand nombre de pratiques psycho-corporelles, de méditations, de recherche intérieure, auraient pour moyens des méthodes contemplatives, d’écoute de soi, dans une recherche d l’être au-delà de la chair, de l’essence au-delà de l’existence. Bien sûr, tout comme pour l’action, la contemplation dans ses excès comporte ses risques propres. Ainsi MASLOW nous met en garde sur les dangers de la réalisation de soi, dans la mesure où l’être réalisé aurait une propension à la contemplation et serait dans la négation de l’action. Pour lui, le comportement exclusivement contemplatif aurait tendance à rendre l’individu moins responsable spécialement dans le domaine de l’assistance ou encore des affaires de la société. Cette inhibition de l’action et la perte du sens des responsabilités conduisant alors à un certain fatalisme, au « ça devait arriver », « c’était écrit » (MASLOW). La contemplation, à l’instar de l’action, se doit donc d’être mesurée, et ensemble, contemplation et action doivent pouvoir être envisagées comme un mélange alchimique, dont les passages de l’un à l’autre doivent permettre la réalisation de soi. Spirituel et Temporel sont par essence complémentaires.
Une nécessaire complémentarité
Aux vues de ce qu’il précède, les deux directions du développement personnel ne sauraient être exclusives l’une de l’autre. Il s’agit d’articuler la dimension spirituelle et la dimension temporelle dans un juste équilibre, autrement dit les envisager toutes les deux comme composantes essentielles d’un même ensemble. Tomber dans l’excès de l’une ou de l’autre de ces dimensions amène inéluctablement l’être humain soit à un excès de faire soit à un total isolement. L’enjeu pour les praticiens et formateurs de développement personnel serait donc d’unir ces deux conceptions, ces deux glaives dans la mesure ou verticalité et horizontalité, respectivement le spirituel et le temporel s’avèrent indissociables l’une de l’autre. En effet, le temporel et le spirituel sont, à l’instar de la contemplation et de l’action, l’inspiration et l’expiration d’un même souffle .
Contemplation et action : l’inspiration et l’expiration d’un même souffle
Le développement personnel dans sa dualité, tantôt au service du temporel tantôt au service du spirituel se retrouve dans une confrontation de la contemplation et de l’action, analogue à une approche orientale et occidentale des aptitudes de l’Homme ; une aptitude à la contemplation en Orient et une aptitude à l’action en Occident. Si dans notre société occidentale, la « vita contemplativa » a dominé depuis l’antiquité jusqu’au XIXème siècle, depuis le début du XXème siècle jusqu’à aujourd’hui, c’est la « vita activa » qui prime 12. Notre Société occidentale est guidée par une injonction de faire, une obligation d’être dans le mouvement et tente de nous rendre coupable d’adopter une attitude contemplative, cette dernière n’étant considérée ni productive, ni rentable. Pour LACROIX, il y a une véritable hiérarchie entre la « vita activa » et la « vita contemplativa », c’est-à-dire entre l’action et la contemplation. La première devant conduire à la deuxième. L’action serait donc le moyen de parvenir à la contemplation. Ainsi le déclenchement du processus de réalisation de soi passe par l’action voire la ré-action à un sentiment d’insatisfaction. Par conséquent, « on ne peut jouir pleinement de son potentiel qu’à la condition de se soumettre, de façon répétée, à des exercices : du corps, de l’esprit » 13. Autrement dit, l’homme ne peut jouir de son potentiel que dans une manifestation extérieure, dans une dynamique de mouvement. Contemplation et action se distinguent dans la même mesure où « Orient et Occident se distinguent comme l’inspiration et l’expiration » 14 d’un même souffle. Cependant contemplation et action ne s’opposent pas. Elles sont complémentaires. D’une part « ce sont deux éléments nécessaires, qui se complètent mutuellement, et qui constituent la double activité, intérieure et extérieure, d’un seul et même être, que ce soit chaque homme pris en particulier ou l’humanité envisagée collectivement » 15. D’autre part, contemplation et action doivent être envisagées comme deux forces en tension, l’une devant être le contrepoids du désir de domination de l’autre et dont les rapports de forces ne s’exercent pas de la même manière suivant le contexte culturel. « La place que tiendront la contemplation et l’action dans l’ensemble de la vie d’un homme ou d’un peuple résultera toujours en grande partie de la nature propre de celui-ci, car il faut en cela tenir compte des possibilités de chacun » 16. La contemplation se manifeste essentiellement dans une perspective spirituelle tandis que l’action est avant tout le moteur d’une perspective temporelle. Toutefois ces deux dimensions se retrouvent à la croisée de tout chemin de la réalisation de soi dont l’image pourrait être assimilée à une des dimensions du symbolisme de la croix. Autrement dit, « cette réalisation serait atteinte par la communion parfaite de la totalité des états de l’être, harmoniquement et conformément hiérarchisés, en épanouissement intégral dans les deux sens de l’« ampleur » et de l’« exaltation » »17.
Julien B.
1 LACROIX Michel, Se réaliser, Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Paris : Éditions Robert Laffont, 2009, 189p.
2 Ibid.
3 BRUNEL Valérie, Les managers de l’âme, le développement personnel en entreprise, nouvelle pratique de pouvoir ?, Paris : La Découverte/Poche, 2008, p109
4 CLOUZOT Olivier, «Éveil et verticalité ; Sur le chemin de la transcendance», Science de la conscience, 2011, N°11, p.7.
5 LACROIX Michel, Se réaliser, Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Paris : Éditions Robert Laffont, 2009, p.77.
6 LACROIX Michel, Se réaliser, Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Paris : Éditions Robert Laffont, 2009, p.39-40.
7 DURCKHEIM Karlfried Graf, Le Centre de l’Etre, Paris : Éditions Albin Michel, 1992, p173
8 Ibid., p.91.
9 MASLOW Abraham H., Vers une psychologie de l’être, Domont : Éditions Fayard, 2007, p.111.
10 CLOUZOT Olivier, «Éveil et verticalité Sur le chemin de la transcendance », Science de la conscience, 2011, N°11, p.7.
11 DURCKHEIM Karlfried Graf, Le Centre de l’Etre, Paris : Éditions Albin Michel, 1992, 210p.
12 LACROIX Michel, Se réaliser, Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Paris : Éditions Robert Laffont, 2009, 189p.
13 Ibid., p.72.
14 DURCKHEIM Karlfried Graf, Le Centre de l’Etre, Paris : Éditions Albin Michel, 1992, p.95.
15 GUÉNON René, La crise du monde moderne, Saint-Amand : Éditions Gallimard, 2005, p65
16 Ibid., p.66.
17 GUÉNON René, Le symbolisme de la croix, Auteur, Paris : Guy Tredaniel Editeur, 2007, 228p
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