Découvrir l’économie sociale et solidaire, donnons du sens à nos territoires

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La journée s’est déroulée sous un soleil radieux malgré le froid de 10h00 à 21h00. Cette journée a eu pour but, outre le fait de présenter l’économie sociale et solidaire, de sensibiliser le grand public à d’autre mode de production et d’autre modes de consommation. Le 8 novembre a été l’occasion de présenter un ensemble varié d’acteurs de l’ESS ainsi que la diversité des thématiques du secteur en particulier grâce à des conférences de qualité sur l’éco-industrie locale (avec Luc Dando), la monnaie (avec Philippe Derruder) ou encore ce que représente l’ESS aujourd’hui (avec Madeleine Hersent).

Ayant voulu replacer cette journée dans le contexte local du territoire tarasconnais, elle a été introduite par la projection du Film Péchiney et Après ? (réalisé par Valérie Guillaudot et Gladys Deprez) précédé d’un cours-métrage « Si Péchiney était… » réalisé par Loïc Marchand. Le but était donc de repartir du contexte local pour envisager les perspectives nouvelles sur un territoire encore meurtri par le départ de Péchiney.

La journée a été agrémentée de 2 concerts, d’ateliers pour adultes et enfants, d’espaces de restauration et d’une buvette afin d’apporter une note festive à la thématique.

Un contexte local

Nous avons choisi d’ouvrir le mois de l’ESS en fonction du contexte local soit :l’industrie Pechiney et l’exploitation de l’Aluminium. À l’époque, l’industrie Pechiney avec ses plus de trois cent salariés était un véritable vecteur de lien social entre la pluralité des communautés qui y travaillaient. Aujourd’hui ce lien s’est délité avec la fermeture des usines et seules les communautés restent avec pour seul lien, les séquelles d’un passé teinté de nostalgie. Pour nous le lien entre ESS et l’exploitation de l’aluminium nous est donc apparu comme une nécessité : entretenir un travail de mémoire et de résilience déjà engagé par un certain nombre d’acteurs du territoire et ouvrir les portes d’une nouvelle forme d’économie pouvant être un véritable levier pour le développement du territoire.

Depuis plus d’un siècle, le territoire des communautés de communes des pays de Tarascon et d’Auzat-Vicdessos est bercé par l’industrie métallurgique et en particulier l’aluminium. La production d’aluminium pour l’international a longtemps guidé la vie et les habitudes des habitants d’Auzat et de Tarascon sur Ariège : petites villes autrefois fleuron d’une industrie de pointe. Alors qu’aujourd’hui les usines ont fermé ou presque, « il reste encore des traces physiques et des empreintes mémorielles, qui coexistent dans un espace flottant, indécis ; un territoire sur lequel anciennes et nouvelles générations tentent de reconstruire une réalité qui leur a échappé».

A Auzat la production d’aluminium a fait vivre la vallée pendant près de 100 ans (1908-2003). En 2003, date qui résonne encore comme un choc dans l’histoire collective locale, les cheminées de l’usine d’Aluminium de Pechiney se sont éteintes laissant plus de 220 personnes sans emploi. Dix ans plus tard la vallée toujours marquée par l’exploitation de l’aluminium, porte encore le poids de son passé. Les habitants souffrent encore de l’industrie de l’Alu et ne manquent pas de se retrouver pour évoquer avec mélancolie, la mémoire du passé. Sur le site de Tarascon à Sabart, si le groupe industriel Constellium maintient encore une activité de première transformation de l’aluminium pour l’aéronautique avec sa trentaine de salariés restants, l’usine est en passe une fois de plus (après Pechiney, Alcan, Rio Tinto) de changer d’enseigne puisque le groupe souhaite vendre une nouvelle fois le site.

Aujourd’hui l’exploitation de l’aluminium fait encore pleinement partie de l’histoire de la vallée. Au-delà des photos d’archives, le territoire porte encore les traces visibles de sa présence. Du chemin de l’alu à une salle de la Maison du Barri à Auzat en passant par les logements ouvriers qui émaillent encore les villes et en particulier le quartier Saint-Roch de Tarascon sur Ariège, le passé se conjugue aujourd’hui au présent. Si les communautés de communes des pays de Tarascon et d’Auzat-Vicdessos ont pris le chemin du sport nature et du tourisme vert les traces d’un passé industriel à vif sont encore fraîches et sans idéaliser l’époque industrielle de la vallée, la nature, l’activité touristique ou encore l’économie restent marquées par l’ère Pechiney. C’est dans ce contexte local particulier que l’économie sociale et solidaire peut ainsi trouver écho et se présenter comme une véritable opportunité d’une nouvelle forme de développement.

Pour celles et ceux qui souhaite visionner le film « Pechiney et après ? » réalisé par Valérie Guillaudot et Gwladys Déprez, voici le lien :
http://pechineyetapres.fr/

Pour le court-métrage « Si Pechiney était… » réalisé par Loïc Marchand dans le cadre de cette journée, il suffit de cliquer sur la vidéo.

Côté conférences

Lors de cette journée nous avons eu le plaisir d’accueillir trois conférenciers qui ont proposé des interventions de très bonne facture:

Eco-industrie-w-150x274Luc DANDO    

La première conférence intitulée « Vers une éco-industrie locale » a été réalisée par Luc DANDO suite à la sortie de son livre  Vers une éco-industrie locale. «Luc DANDO est ingénieur de machines spéciales et procédés, spécialisé en thermo-mécanique. Il crée en 1994 la SARL « Anthéa Technologies» : machines industrielles et lignes de production clés en main. Il a construit des machines pour différentes PME. Depuis 2007, il travaille essentiellement dans la recherche pour les énergies renouvelables : développement des technologies Stirling et Ericsson en partenariat avec des laboratoires universitaires(Pau et Belfort).»

Cette intervention a fait suite à la projection-débat du film « Péchiney et Après ? » et a permis de revenir sur le contexte industriel local et d’apporter des éléments de réflexion sur les plans stratégiques de relocalisation de l’industrie grâce à des technologies durables.

DANDO Luc, « Vers une éco-industrie locale », éditions Yves Michel, 2014. Pour commander c’est par ici.

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Philippe DERUDDER

La deuxième intervention nous a été proposée par Philippe DERUDDER. « Philippe DERUDDER est pendant 10 ans formé au monde de l’entreprise. En 1980, il reprend l’entreprise familiale qui en 5 ans prend une dimension internationale (douze agences en Europe du Nord et en Asie). En 1992, il décide de démissionner pour ne plus cautionner un système auquel il ne croit plus. À partir de là, il va se consacrer à la recherche de solutions économiques et financières alternatives. En décembre 2012, Philippe derudder et son association (A.I.S.E.S.) mettent à la disposition du public une série de 7 séquences vidéo intitulée « La monnaie, du pouvoir d’achat au pouvoir d’être ». Cette conférence a fait suite au lancement de la nouvelle monnaie locale ariégeoise « la Pyrène » qui a eu lieu en juillet 2014 lors du festival Résistances. Philippe DERUDDER nous a ainsi invité à réfléchir sur notre rapport à l’argent, sur ce qu’il engendre dans notre système actuel et en quoi les monnaies locales complémentaires sont pertinentes dans notre société.

DERUDDER Philippe, « Les monnaies locales complémentaires: pourquoi, comment? » 2ème édition, éditions Yves Michel, 2014. Pour le commander c’est par ici.

Et si vous souhaitez écouter l’intégralité de la conférence de Philippe DERUDDER, il suffit de suivre le lien

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Madeleine HERSENT        

La dernière conférence de la journée nous a été proposée par Madeleine HERSENT. « Madeleine HERSENT, sociologue de formation, consultant chercheur, intervient depuis une vingtaine d’années dans le champ de l’économie sociale et solidaire et du développement local. Elle s’est spécialisée dans l’évaluation des politiques publiques d’insertion et le montage d’activités de proximité dans les quartiers sensibles avec des publics féminins ». Cette conférence nous a apporté un éclairage plus large quant au champ de l’Économie Sociale et Solidaire. Elle a permis de définir les contours d’un secteur encore méconnu du grand public et de l’illustrer dans ses applications concrètes.

Pour aller plus loin:

HERSENT Madeleine et PALMA TORRES Arturo (sous la dir. de), « L’économie solidaire en pratiques », éditions érès, 2014. Pour le commander c’est par ici.

Et pour les photos de la journée :

Photos partie 1

Photos partie 2

Un grand merci à l’ensemble des personnes et des structures qui ont participé de près et de loin au bon déroulement de la journée.


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